On a perdu ! Pas seulement la grand'messe de Berlin, mais aussi le procès qui se déroulait le 10 juillet devant le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris. Dans un jugement mi-figue, mi-raisin, le juge a partiellement suivi les conclusions des hygiénistes de l'ANPAA, l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie, interdisant à Interloire, l'interprofession des vins du Val de Loire, d'utiliser le visuel de publicité en faveur du .

Alors qu'Interloire avait lancé au printemps 2004 une campagne “Bande de Jeunes” mettant en avant la jeunesse de ses vins, l'ANPAA a attaqué fin juin en référé deux des visuels de cette campagne, estimant que les slogans ("enfin des jeunes qui ont du goût" et "qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse ?") visaient spécifiquement les jeunes consommateurs. L'ANPAA, qui a déjà obtenu une victoire dans ce sens contre Kronenbourg, reprochait également aux vins de Loire d'utiliser la mention “A consommer avec modération” qui viserait, selon l'association, à relativiser la mention “L’abus d’alcool est dangereux pour la santé” rendue obligatoire par la loi Evin.

Le juge des référés n’a pas suivi l’ANPAA sur la question de la mention invitant à la modération, considérant qu'il ne pouvait pas exister de trouble manifeste justifiant un référé puisque cette mention est d'un usage constant depuis l’adoption de la loi Evin. "En attaquant cette mention, l'ANPAA a en tous cas montré qu'elle s'opposait à l'éducation à la modération et à la responsabilisation des consommateurs, et qu'elle adoptait une attitude dictatoriale et intégriste visant à imposer à tous l'interdiction pure et simple" commente Michel Delanoue, vigneron de l'appellation .

Concernant les visuels et leurs slogans, le juge ne s’est pas prononcé sur la campagne des rouges de Loire mais a interdit à Interloire d’utiliser le visuel de promotion du cabernet d’Anjou dont le slogan “Qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse ?” et le visuel, ont été jugés ambigus.
Interloire s’était défendue de viser spécifiquement un public jeune, indiquant que le slogan avait pour seul objectif d’ “aller à l'encontre de l'a priori négatif sur les vins jeunes”. Mais le tribunal a suivi les conclusions de l’ANPAA et interdit à l'Interprofession des vins du Val-de-Loire de poursuivre cette campagne, "sous astreinte de 1000 euros par infraction constatée".

Nous vivons donc dans un pays où les producteurs de whisky ont le droit d'apposer des affiches de publicité au bord des routes, où la restransmission des compétitions de Formule 1 fait librement la promotion de marques de cigarette, où la télévision peut diffuser les images des footballeurs portugais portant des maillots griffés d'une célèbre marque de bière portugaise... et où le cabernet d'Anjou n'a pas le droit de faire preuve de créativité et de délicatesse dans le choix de ses visuels publicitaires !

Si quelqu'un comprend à quelle logique tout cela répond, je veux bien que l'on m'explique...


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